Conférence de Monsieur Jean-Pascal Bobst - Bobst

måndag 14 mars 2022 12:15-14:00, Restaurant Le Chalet Suisse, Route du Signal 40, 1018 Lausanne
Webbplats: http://www.chaletsuisse.ch

Bulletin N° 27 - Année rotarienne 2021-2022

 

 

Rencontre du lundi 14 Mars 2022 au Chalet suisse

 

 

 

Présidence : Eric Fraissinet

 

Membres présents : 21

 

Invités : Monsieur Jean-Pascal Bobst

Madame Maeva Brender (invitée de Claude Gailloud)

Madame Nathalie Morel (invitée de Pierre Guiot)

Madame Michèle de Preux et Monsieur Laurent Nicod (invités d’Eric Fraissinet)

 

Pensée du jour : Thierry Durand souhaite la bienvenue à notre conférencier du jour, Monsieur Jean-Pascal Bobst, et nous accueille avec une pensée qui entre en résonance avec les événements douloureux qui frappe l’Europe. Le 14 mars 1879 naissait Albert Einstein. Il disait : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les observent sans rien faire ». Il proposait encore cette réflexion : « Les hommes devraient continuer à se battre, mais ils devraient se battre pour des raisons qui en valent la peine, pas pour des lignes géographiques imaginaires, des préjugés raciaux et la cupidité privée revêtus de la couleur du patriotisme ».

 

Communications présidentielles :

Eric souhaite la bienvenue à la nouvelle membre de notre club, Madame Karine Fagot et nous transmet les amitiés de Georges Vuillamy, dont la convalescence, après une fracture, est en bonne voie. Il se prépare à gagner la Lignière pour une rééducation. Par l’intermédiaire de ce bulletin nous lui transmettons nos amitiés, nos vœux, et notre impatience de le retrouver parmi nous.

 

Bon anniversaire à Eugène Mathis, Pascal Dérivaz et Sylvain Scherz.

 

A l’agenda des événements à venir, la soirée du Renouveau printanier, le jeudi 7 avril, est rappelée avec insistance. Henri-Pierre Monney, qui l’organise avec une équipe, a reçu à ce jour 4 inscriptions et se tient prêt pour en recevoir au moins une quarantaine (chiffre que le bulletinier considère comme symbolique et donc extensible).

Puis Eric, avant de nous souhaiter bon appétit, nous offre une réflexion tirée d’un film de Vladimir Zelinsky « Le serviteur du peuple ». Devant l’assemblée du peuple, l’acteur devenu depuis lors président de l’Ukraine, suspend son discours, puis déclare qu’il renonce à faire une quelconque promesse.  Il conclut en scandant sa détermination : « Je veux agir de telle sorte de ne pas avoir honte, de pouvoir regarder dans les yeux, plus tard, mes enfants, mes parents, et vous tous ».

 

Conférence :

Eric Fraissinet accueille avec reconnaissance Monsieur Jean-Pascal Bobst qui a accepté de nous consacrer un peu de son temps précieux pour nous parler de l’entreprise Bobst, et de sa manière de comprendre et de mettre en œuvre les relations humaines si importantes pour assurer la bonne marche d’une unité industrielle.

D’emblée, Jean-Pascal Bobst précise que sa venue parmi nous lui permet de porter l’accent principal de son propos sur les valeurs qui sont au fondement de l’usine mère qui s’est développée à Prilly et qui, depuis quelques années, poursuit sa destinée à Mex. Parler des valeurs permet de mettre en évidence cette vérité que l’essentiel, le plus important tout au long de la vie, est d’être habité par l’amour et le pardon. A plusieurs reprises le conférencier relèvera que cette manière d’exprimer les valeurs étonne d’aucuns et qu’il est de bon ton, dans notre monde tel qu’il va, de se cantonner dans un vocabulaire prétendu conforme au management. Qu’importe ! Le conférencier persiste et signe et relève que ce qui demeure au terme de la vie, c’est la manière dont on a essayé d’aimer, d’entreprendre, de reconnaitre ses manquements, de ne pas se noyer dans le problème pour être tendu dans la recherche de la solution.

Il prend quelques instants pour décrire les activités du groupe. Pour quiconque voudrait en savoir davantage il met à disposition le Profil annuel 2022, intitulé « Accélérer la croissance », édité par Bobst Group SA et qui, dans une plaquette de 73 pages, présente les Centres Bobst dans le monde.  La carte géographique 2021 permet de repérer comment Bobst est présent par le monde, dans tous les continents. Sa Présence globale se diversifie en Sociétés qui se consacrent à la vente et aux services, en sites de production (14), en Agences de représentation et en centres de formation. 

L’aventure Bobst a commencé en 1890. Quel chemin parcouru entre la petite échoppe des pionniers, les premières imprimantes et la fabrication en Inde de la millième « plieuse coleuse », célébrée en 2021 ! Bobst a toujours été et est resté une entreprise familiale. Tout en s’entourant de quelques personnes extrafamiliales, l’entreprise, de génération en génération (nous en sommes à la quatrième), a consacré son énergie à entretenir le patrimoine industriel.  La préoccupation a toujours été de maintenir en activité l’outil hérité, de le développer et de travailler sur le long terme. De même on a toujours sollicité  l’actionnaire de soutenir l’innovation. Sans elle, la stagnation, voire le déclin sont à la porte.

Le chiffre d’affaires pour la période allant de janvier à décembre 2021 s’est élevé à 1'563,4 millions. De manière générale, l’impôt annuel prélevé sur le bénéfice représente environ 22%. Il est arrivé une année (en 2020) que le bénéfice soit fortement réduit en raison de difficultés d’une filiale. Dans ce cas, l’entreprise Bobst a renoncé à offrir un dividende à l’actionnaire parce qu’elle estimait inapproprié de procéder à un versement puisqu’il n’avait pas été possible d’augmenter le salaire des travailleurs. Il appartient aussi aux actionnaires d’assumer les variations et les aléas des bénéfices. Il en va de l’éthique de l’entreprise. A noter encore que le chiffre d’affaires de 1'563,4 millions aurait pu être de 2 milliards s’il n’avait pas subi le contrecoup négatif du marché des changes. Toutefois la famille Bobst, dans l’entier de ses membres, entend ne pas céder à l’hypothèse d’un déplacement à l’étranger.

Suspendant sa présentation, Jean-Pascal Bobst nous offre le visionnement d’un bref film présentant les activités du groupe. Impressionnés, nous retenons qu’un emballage sur deux en Europe sort des machines construites par le groupe. Nous retenons aussi que le développement de la digitalisation permet de diminuer grandement les pertes, par exemple celles liées à l’encre comme celles provoquées par une production inadéquate dans son volume. Jeter des emballages inutilisés coûte et est dommageable pour l’environnement. Certes la digitalisation et l’automation ont modifié les tâches des collaborateurs sans pour autant supprimer des places de travail. Ceci est possible en pratiquant une adaptation des uns et des autres aux changements.

Développant le thème des valeurs, Jean-Pascal Bobst nous introduit dans l’esprit et l’éthique de l’entreprise tel qu’il le conçoit et tel qu’il l’a reçu de ses prédécesseurs familiaux. Le plus important consiste à mettre l’homme au centre et auprès de lui les valeurs d’innovation, de développement et de créativité. De son grand-père il garde la mémoire d’un homme bon et généreux. Ses convictions chevillées en son âme et conscience ont eu pour effet qu’il a été parfois incompris. Et pourtant, commente notre conférencier attentif à l’esprit Bobst, il est essentiel de résister la tentation d’un monde qui oublie d’être généreux. Quand on met l’homme au centre, on réalise qu’il est un tout, à savoir qu’il est corps, âme et esprit. Dès lors on réalise que l’homme donnera le meilleur de lui-même si on prend le temps de l’initier et de l’associer à la culture de l’entreprise. Il est essentiel que le producteur comme le client éprouvent le sentiment d’être bien traité. A l’appui de cette certitude, Jean-Pascal Bobst raconte comment certains observateurs attentifs au Bobst group SA ont pu dire : « il y a devant vous beaucoup de choses à améliorer, mais vous êtes sympa, on se sent bien chez vous ».

A cet endroit de la rédaction du bulletin, je prends un instant pour relever deux caractéristiques de Bobst à partir de mon expérience de pasteur dans la paroisse de Prilly. Je me rappelle de conversations avec des personnes travaillant dans cette entreprise. Ils en parlaient comme si elle était leur propre affaire et, commentant les résultats de l’année, les aléas du carnet de commande tel que présenté par la Direction, ils donnaient leur accord aux orientations et aux décisions prises. Ils les comprenaient et les défendaient. De même je me souviens de la qualité des apprentissages proposés aux jeunes en formation. Je comprenais à quel point un jeune progresse et s’épanouit quand il comprend et fait siennes les exigences de ses formateurs.

Parmi les valeurs liées à l’esprit d’entreprise, notre conférencier évoque l’importance de favoriser les liens, de créer et d’entretenir une image commune, de cultiver la loyauté, de favoriser la compétitivité comme l’innovation.

La culture d’entreprise se développe comme un organisme vivant, c’est du moins ainsi que j’ai saisi le propos du conférencier. Il convient de faciliter les interactions entre les individus (chacun des travailleurs), l’entreprise en tant qu’elle forme un tout et l’équipe de direction. C’est ainsi que peut être posé un cadre éthique et que l’on peut réclamer qu’il soit accepté par chacun des partenaires. C’est ainsi également que chacun réalise qu’il est appelé à s’améliorer, à s’élever.

Les valeurs fondamentales se déclinent en quatre axes : confiance, respect, passion, performance. Aucun des axes ne doit être privilégié au détriment des autres. De plus il convient de s’adapter aux contextes parce que, à titre d’exemple, la valeur de respect ne prend pas la même couleur selon que l’on est en Inde ou en Europe. Le conférencier nous donne alors à comprendre que les quatre axes ne peuvent pas en rester au stade des mots et qu’il convient de consacrer du temps pour les intégrer dans des comportements. Comment ? En pratiquant, par exemple, des jeux de rôle, des mises en situation. Dans le groupe Bobst un RH est mandaté pour permettre aux collaborateurs d’intégrer et de développer les axes précités. Il en est d’autres qui se déclinent dans ces quatre mots : care and dare (prendre soin et oser, risquer), love and serve. Ces axes permettent aux leaders de s’orienter sur leur responsabilité. Ils permettent aussi de gérer les tensions qui ne manquent pas de survenir au gré des journées et des défis. Le mot care souligne combien il est important pour le leader d’aider l’autre à s’améliorer, à s’élever. Casser l’autre est facile. L’aider à se remettre en route de la bonne manière est un défi exaltant.

Des applaudissements nourris saluent l’intérêt des auditeurs. Plusieurs questions permettent au conférencier d’apporter des précisions et des précieuses réflexions.

La définition des valeurs a incombé à l’équipe dirigeante du groupe Bobst, à savoir une dizaine de personnes. Cette opération a duré une année ! Puis est venue l’étape d’initier à ces valeurs les 180 cadres répartis dans le monde. Et cela s’est fait en favorisant des processus d’appropriation. En effet définir des valeurs n’est pas très compliqué. Par contre c’est plus compliqué de les présenter et de les vivre, de les mettre en application au quotidien.

Quant à la question de la relation entre l’être et le faire, le conférencier affirme avec force qu’il faut toujours en revenir à l’être si l’on veut progresser dans le faire.

Au passage, Jean-Pascal Bobst a souligné le souci que représente en Suisse le dossier difficile des conditions cadres.

Il termine avec une injonction : « soyons intègres dans ce que l’on dit et ce que l’on fait. Donnons du temps à l’empathie et à la générosité ».

 

Bonne semaine à toutes et tous.

 

Le bulletinier du jour, Marc Peter. 


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